Accueil A la une Slim Azzabi: «Nous voudrions écrire une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie»

Slim Azzabi: «Nous voudrions écrire une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie»

Tous la main dans la main pour la Tunisie
Prévue samedi dernier, puis reportée suite au tragique accident routier survenu à Sabbala (Sidi Bouzid), la clôture officielle des travaux du congrès constitutif du parti Tahya Tounès a eu lieu mercredi 1er mai en fin d’après-midi à la salle couverte à Radès. Sans grande surprise ni suspense, Youssef Chahed s’est révélé chef de ce parti dont l’idée a pris forme pour devenir un projet politique. Mais, le chef de l’exécutif ne l’a pas dit noir sur blanc, sauf que son discours si long et exhaustif était tranchant. Sa position est telle que son parti s’engage à lui apporter un plein soutien. « Oui, capables de relever les défis ! », s’expriment, en ces termes, ses jeunes sympathisants, à qui ont été confiées l’animation de la salle et la présentation à l’auditoire de l’ordre du jour. Haut, partout dans la salle, le « V » de la victoire comme devise du parti. Pour eux, ça donne de l’espoir. 

Entre-temps, le comité d’organisation du congrès prépare le commencement. Tard dans l’après-midi, M. Kamel Idir, président du congrès, est revenu sur les phases marquant le parcours constitutif de Tahya Tounès. Le coup d’envoi a été donné le 27 janvier dernier, date du lancement officiel du parti. Vint, ensuite, la campagne d’adhésion, au cours de la première quinzaine de mars, qui a fini par convaincre 84 mille adhérents. En effet, 468 listes en lice s’étaient portées candidates au bureau national, régional et local. Le nombre total a été de 6.798 candidats. « Tout se déroulait dans la transparence et la saine émulation, allusion faite au climat des élections», se félicite M. Idir. D’après lui, la clôture des travaux du congrès n’a été que l’aboutissement, le couronnement d’un travail laborieux pour former un parti fédérateur et surtout pas exclusif. Soit le contraire de ce qu’a voulu en faire M. Mustapha Ben Ahmed, un de ses fondateurs. Intervenant en qualité de président élu du comité de la motion générale, l’homme qui avait menacé de quitter le parti, demandant l’exclusion des caciques rcdistes et des figures destouriennes, a manifesté un revirement d’opinion et de position. « La porte est ouverte à toutes les sensibilités politiques. Destouriens, syndicalistes, indépendants, rcdistes, tous la main dans la main pour la Tunisie », admet-il. Adoption de l’esprit bourguibien, sur les pas de nos militants historiques et martyrs de la révolution, pari sur les jeunes, emploi, rendre à l’Etat son prestige et réforme de nos entreprises publiques, sans pour autant perdre de vue la classe moyenne et l’amélioration de son pouvoir d’achat, voilà, entre autres, les principales recommandations de son comité.

Au-dessus des personnes

« Le lancement d’un parti politique démocratique intervient en réponse aux ambitions de ses structures, tout en préservant l’héritage du mouvement national et les acquis de l’Indépendance », relève M. Chokri Belhassen, un ministre dans le gouvernement Chahed. Et d’ajouter qu’il s’agit là d’un parti progressiste plutôt fondé sur l’approche institutionnelle que sur les personnes. La convergence des points de vue, dans l’unité et la solidarité. Avant de finir, il a, publiquement, lancé que Youssef Chahed, c’est bien lui le président du parti Tahya Tounès. Et M. Slim Azzabi, son secrétaire général. Ses collègues l’ont qualifié d’« artisan du projet et sa tête pensante ». Celui qui a quitté le Palais présidentiel pour rejoindre le locataire de La Kasbah. « On voudrait écrire une nouvelle page de l’histoire de la Tunisie », dit M. Azzabi. A l’en croire, son parti est né grand pour vivre grand. « Un nouveau projet politique, avec du sang neuf  pour un nouvel espoir », souhaite-t-il. Le rêve de voir le pays sortir de ses crises et la classe politique guérir des maladies du pouvoir (haine, hégémonie, conflits d’intérêts…). « Voilà plus d’un an que Youssef Chahed s’est trouvé dans le collimateur de ses détracteurs qui ont tout fait pour le mettre à l’écart », défend-il le camp de son  chef commandant.

Comme un manifeste électoral

En ce 1er mai, journée mondiale du travail, l’ambiance dans la salle du congrès était plus que festive : retrouvailles, embrassades, selfies, photos de groupe. De la musique et des shows artistiques qui font danser un public, lui aussi politique, issu des 370 bureaux locaux de Tahya Tounès dans toutes les régions du pays. Soit un caractère cérémonial tout particulier, à l’image d’un nouveau parti qui s’annonce reconnaissant à son passé et prometteur de lendemains meilleurs. Un parti qui se déclare patriote et rassembleur. « L’amour de la patrie et la citoyenneté nous réunissent », ainsi déclare M. Chahed qui s’est prononcé, plutôt, en homme d’Etat et non pas comme président du parti. D’emblée, il a passé en revue son bilan à la tête de l’exécutif, ainsi que les points qu’avait marqués son gouvernement depuis son investiture en août 2016. La lutte anticorruption et la guerre contre le terrorisme sont les deux maîtres-mots qu’il a mis en avant. En tout cas, sa position partisane n’est plus un secret pour personne. Et d’annoncer, finalement, la couleur : «Tout a commencé par une idée animée de bonne volonté, donnant ainsi lieu à un projet fédérateur et solidaire ». Pour lui, Tahya Tounès se veut la continuité du projet sociétal tel que pensé et mené par Bourguiba, le père fondateur de la nation. Soit l’autre face du néo-Destour, voire une copie conforme à son esprit constructif, ses valeurs républicaines et à ses tendances réformistes. Bref, il entend se projeter dans le futur, ayant un œil sur le présent. Mais, « si l’on veut continuer et aller plus loin, il faut voir grand et partir du bon pied », lance-t-il. En fait, son parti semble vouloir s’inspirer de ce qu’il y a de mieux dans l’expérience bourguibienne. Sa lucidité, sa vision et sa confiance en l’Etat de droit et des institutions. Loin de l’anarchisme et du populisme, précise-t-il. Somme toute, M. Chahed s’est posé en chef de parti, futur candidat aux élections 2019. Son discours est perçu comme un manifeste électoral prématuré.

Kamel FERCHICHI

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